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Emile Orso

31 octobre 2010

Je retrouve mes vieux appartements

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7 octobre 2010

XXV

la blessure après toutes ces années est encore vive.
le coup qui m'a été porté, je l'ai oublié.
mais la plaie est là, grandissante, gangreneuse, qui prend ma place.
j'aurais pu disparaître avant, qui l'aurait compris?
j'aurais pu. mais demain?
peut-on soigner une maladie dont on ne connaît pas la cause? l'expérience me dit que non. l'espoir me susurre que oui. ou alors, m'effacer et revenir.
je fais mon empreinte si légère que je crois que vous ne vous souviendrez pas de moi, j'ai moi-même oublié les traits de mon visage.
j'oublie tout petit à petit, une dégénérescence en vie que j'ai choisie, je ne cesse de répliquer ce que je redoute le plus. Mais... je suis déjà morte une fois, et pourtant me voilà. Encore un peu, encore une fois, et je vous aurai oublié aussi sûrement que j'aurai changé de nom.
entre deux moi, faiblement en vie, faiblement respirante,

6 octobre 2010

XXIV

 

 

Je ne peux pas m’empêcher de penser au sang sous l’oreille. Elle est allongée par terre, tout est calme, on dirait qu’elle dort ; elle se repose…Mais elle a été tuée hier soir. Malgré le calme sur son visage, elle a connu une mort violente. Quelqu’un qui est entré, qui a tiré à bout portant sur sa tempe, et elle qui s’est effondrée sur le côté, l’air d’embrasser un coussin sur le tapis, l’air de se reposer, on dirait qu’elle dort. Et je ne peux pas m'empêcher de penser au sang sous l'oreille. 

 

 

13 août 2010

Traces

SDIM2598

SDIM2484

26 juillet 2010

XXIII

je cherche quelqu'un que je ne connais pas
guette le téléphone, les mails, la boîte aux lettres, rythme désespérément lent d'entrée de nouvelles
je ne fédère pas
je sens l'anxiété qui gonfle, quelque chose, le signe de quelqu'un, doit combler les vides qu'elle compose
j'attends que mes émotions éclosent, un geste de l'autre, pour qu'en moi l'autre s'éveille
quel geste puis-je attendre que je n'ai pas provoqué?
les communications me déçoivent pour ce qu'elles n'ont pas d'unilatéral.
je guette l'écho d'un cri lancé dans un autre temps, sans doute, de lui ma vie dépend, et je ne le reconnaîtrai pas.

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18 juin 2010

XXII

la présence du corps
(tue-le, tue-le)
sans limites aucune, organes, liquide et air
c'est la pièce entière qui s'ouvre quand vous respirez
allongez-vous
(et mon poids)
vous vous enlisez dans le sol
(mon poids)
ne résistez pas. à l'inspiration, entrez dans le sol
poumons pleins 1,
(je ne peux plus m'extirper de là)
2,
(je l'entends qui s'approche)
3,
(il m'agrippe, il me...)
4,
(je l'ai frappé)
5
(je suis un mort mû par une pulsion de vie)

11 juin 2010

XXII

j'appelle ma clémence
à mes os brisés, à ma douleur lancinante, ce sont mes propres caresses qu'il faut
tourner vers soi son sourire
d'une paume, réchauffer le dos de l'autre main
je retourne ma peau et tu hurles
tant de sang, tant d'ulcères convulsés
mais je ne t'entends plus! maintenant le battement tranquille de mon coeur accapare mon ouïe, et mes yeux plongés dans le noir se reposent (oui, ton monde ordonné m'a fait si peur, si peur... mes fractures sont la geste normale de l'existence).

tandis qu'ils se reposent, je me distingue enfin (enfant, frêle, battue). Je m'illumine. Suis-moi; toi aussi, tu verras.

9 juin 2010

XXI

non, attends, ne te retourne pas tout de suite
laisse-moi imaginer les contours de ton visage, la flamme dans tes yeux, la forme de tes lèvres que j'ai senties si douces
ne te retourne pas tout de suite
je veux croire, je veux imaginer en toi.
attends
laisse-moi, laisse-moi croire en une présence unique qui me comble et me joie.
attends encore
non, ne me regarde pas, je ne veux pas savoir qui tu es, ne confonds pas en toi tous les possibles désormais impossibles, je ne veux pas de point culminant, de point divergent, de point tout court
attends encore
laisse-moi seule
vas-t-en, sans te retourner

7 juin 2010

XX

il est un chemin invisible, impraticable,
fait de retours et de ponts,
de yeux qui roulent, et d'absences présentes
c'est le seul chemin, et pourtant il est chemin
si tu n'avances pas il te rejoint
que tu le veuilles ou non, tu grimpes, les mains pleines de boue, la pluie dans les yeux, les genoux écorchés, et derrière, la prairie, la nausée de rouler dans la pente, le crâne fracassé sur un rocher au bas de ladite, mais rien, rien ne t'arrête, parce que si tu n'avances pas il te rejoint

alors je les appelle, je les attire à moi, de mes mains aux ongles arrachés par les luttes et les défenses, par les escalades forcées et les tombaux à ouvrir, je les appelle les absents qui reviennent, les cheveux qui blanchissent, les parfums oubliés qui inopinément un jour se rappellent, les humiliations que je n'ai pas encore vécues, les douleurs qui viendront, l'agonie qui ne saurait trop tarder, les rires qui seront trop brefs, les yeux qui roulent, les contradictions criantes et les amours tremblantes, les cris qui déchirent parce qu'ils tuent ou parce qu'ils font naître. je les appelle, tu comprends bien qu'ils ne viendront pas plus vite, mais je serai là, pleinement là, avec mes souvenirs, avec ma vie et ma mort du côté droit et du côté gauche, avec ma peau et avec mes émotions, je serai là pour les vivre, je serai là pour les écrire, je serai là pour y repenser au moment, oh je le veux tellement conscient, d'expirer - pour la dernière fois.

26 mai 2010

XIX

aïe... mon horloge interne ne correspond plus à mon horloge en lettres...
j'écris la nuit.
je le sais parce que je me réveille, des phrases en tête, de merveilleux débuts de textes.
je me les répètes quelques fois, histoire de m'en souvenir, et de continuer le tricot dans la journée.
évidemment, je les oublie.
et j'oublie que je les oublie.
aujourd'hui, je me suis souvenue que j'en avais un, un texte, je le tenais par le bout des cheveux, je n'avais plus qu'à tirer dessus.
mais il est parti avec mes rêves, ou avec une autre vie, une A de la nuit, un monde où on dort le stylo à la main, où on peut écrire sur l'air, dans sa tête et relire ensuite en enfonçant les yeux dans le crâne ce qui est resté gravé sur l'os.
c'est la merde, et aussi, ça me rend un peu triste.
un peu tristoune.
merde.

et moi qui croyait que les mots étaient partis. (les mots, les morts, les maux)

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